La tragédie du Steingraben

De nos jours où l’Europe Unie est presqu’une réalité, où tout le monde parle de fraternité, de libre échange, de libre circulation, de convivialité, il est très difficile, même pour ceux qui l’ont vécue, de se replacer dans le contexte de l’époque des années noires de l’occupation où l’humiliation, l’esclavage, la cruauté, la torture, les exécutions étaient devenues des banalités, l’être humain ne comptant plus.

Voici le récit de la tragédie du Steingraben qui s’est déroulée en plein cœur du col de Bussang.

Automne 1944. La plus grande partie du territoire français est libérée. Mais, après leur brillante chevauchée de l’été, les armées alliées essoufflées, n’avancent plus que très lentement dans la brume et la pluie. Remiremont a été libérée le 22 septembre, mais à quelques kilomètres de là, le front se stabilise.

La tragédie du Steingraben.

Dans le massif des Vosges les maquis accentuent leur pression et harcèlent l’ennemi avec les risques qui en découlent.

La tragédie du Steingraben.

Les Allemands s’accrochent farouchement aux contreforts des Vosges et la Gestapo, la Feldgendarmerie et autres S.S. continuent à faire leur sale besogne en semant la terreur dans les secteurs restant encre sous leur contrôle.

La tragédie du Steingraben.

Au Drumont, montagne surplombant le col de Bussang, le marcaire Nicolas Luttenbacher âgé de 73 ans, ses fils, le capitaine Emile du côté Vosgien, Antine et Eugène du côté Alsacien et d’autres patriotes dont la famille SAC, continuent à exercer leurs dangereuses activités de passeurs et d’agents de renseignement.

La tragédie du Steingraben.

Cependant les policiers S.S., toujours à l’affût, aidés en cela par des traîtres, frapperont sournoisement au Drumont.

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C’est par des faux résistant, des miliciens sans doute, auxquels il avait accordé l’hospitalité tel qu’il l’avait fait pendant des années à de nombreux évadés et réfractaires, que Nicolas est arrêté le 21 septembre, avec les siens et la famille SAC, réunis dans la ferme cernée de toute part par la Gestapo.

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Simultanément, 2 S.S. tentèrent d’arrêter Eugène Luttenbacher à son domicile à Fellering, mais sur le qui-vive, ce dernier réussit à leur fausser compagnie alors que son épouse fut arrêtée.

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Le 22 septembre, au retour d’une mission, le capitaine Emile Luttenbacher, tomba à son tour dans le filet tendus par les nazis.

La tragédie du Steingraben.

La marcairie du Drumont est saccagée et incendiée.

La tragédie du Steingraben.

Conduis à Bussang, aucun des prisonniers ne parlera sous la torture. Néanmoins, le « Schnell-gericht » les condamnera tous à la peine e mort, y compris le jeune Jean-Paul SAC, âgé d’à peine 17 ans. Les femmes, elles sont déportées au camp de Schirmeck.

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Le dimanche 24 septembre, à la nuit tombante, le sinistre camion S.S. quitte Bussang en direction du col pour s’arrêter en ces lieux. Avant que les bourreaux ne puissent exécuter leur funeste besogne, Jean-Paul SAC, Dieu sait grâce à quel sursaut, réussit à s’enfuir sous les rafales des mitraillettes. (Rappelons que le courageux Jean-Paul devait tomber le 28 novembre 1944, dans les environs du « Plain du Repos », alors qu’il servait de guide volontaire à la tête d’une patrouille du Corps-Franc « Pommies » en route pour la conquête du Drumont)

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Les cinq autres Résistants furent abattus à bout portant et leurs corps abandonnés dans le lit du cours d’eau.

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Dans le secteur Le Thillot-Bussang, les arrestations et interrogatoires musclés continuaient de plus belle.

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Le mercredi 4 octobre, le camion S.S. quittait une nouvelle fois Bussang pour le Steingraben avec à son bord 8 maquisards. A nouveau, les mitraillettes crépitèrent et huit corps tombèrent dans le ravin rejoignant les cinq autres qui n’avaient pas été enlevés depuis le 24 septembre. O miracle! après le départ des bourreaux, deux survivants se relevèrent d’entre les cadavres qui gisaient dans les eaux tumultueuses du petit torrent, rougies par le sang des martyrs. Il s’agissait de Joseph Lichtlin, gravement blessé, et de Robert Curien, indemne, les deux ayant été laissés pour morts. Pour ces deux rescapés le calvaire continuait.

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Au prix de pénibles efforts, ils essayèrent de regagner la crête et le versant Vosgien. Mais Joseph Lichtlin perdant abondamment son sang, tomba d’épuisement et ne put continuer. Alors Robert Curien tenta d’aller chercher du secours pour son camarade d’infortune, mais ce dernier fût sans doute découvert et abattu. Son corps n’a été retrouvé qu’au printemps 1945. Quant au sort du capitaine Emile Luttenbacher, il ne fut connu que beaucoup plus tard. Son corps atrocement mutilé fut retrouvé le 26 avril 1945 près de l’étang-Jean sur le versant Vosgien de la route du Drumont, où il avait son poste de commandement.

La tragédie du Steingraben.

La stèle sur laquelle figurent les noms des victimes de cette tragédie a été inaugurée le 10 octobre 1945 et financée par voie de souscription. En 1972, le Souvenir Français, pour sa part, a fait ériger un mât au sommet duquel le drapeau français flotte à jamais en ces lieux, ô combien symboliques de la Résistance. Depuis cette date, le dernier samedi du mois de septembre de chaque année, une cérémonie est organisée à la mémoire des fusillés par le comité du Souvenir Français de Saint-Amarin en alternance avec le comité de Le Thillot.

Fidèle à sa mission et à sa raison d’être, le Souvenir Français maintient le culte du souvenir afin que nul n’oublie les actes de barbarie générés par la guerre.

En liaison avec l’article, vous pouvez également lire celui-ci.

1 Comment on La tragédie du Steingraben

  1. Merci pour ce reportage .. Pour que le souvenir reste

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